VOYAGE DANS LE TEMPS AU 9EME ETAGE DES GALERIES LAFAYETTE

Boulevard Haussmann, sous les toits des Galeries Lafayette, se niche un espace généralement fermé au public... Un espace aménagé pour archiver et conserver la mémoire des multiples époques du grand magasin parisien, qui a exceptionnellement ouvert ses portes pour une visite privée, organisée par Salomé Dudemaine et Julien Sanders. 

Co-fondateurs de la revue Griffé, dont le deuxième numéro est consacré à la maison Mugler, Salomé et Julien ont donné rdv à quelques un.e.s de leurs lecteur.rice.s dans ce lieu inattendu situé au 9ème étage de l'immeuble Haussmanien.

Aperçu de la salle des archives des Galeries Lafayette

Robe au centre en jersey vert, création Thierry Mugler pour le Festival de la Mode

La visite était articulée autour du Festival de la Mode, lancé en 1980 par les Galeries Lafayette . Cet évènement mettait à l'honneur chaque année un créateur ou une créatrice en l'invitant à proposer quelques modèles, parmi les plus plébiscités de leurs collections, mais retravaillés et vendus à un tarif grand public. Pendant 19 ans, les designers se sont succédé en se prêtant au jeu, démocratisant leur travail, dans cet effervescence si particulière des années 80, et ce jusqu'à la fin des années 90.

Parmi les signatures, on retrouve de grands noms comme Yves Saint Laurent et Sonia Rykiel, mais également la nouvelle garde de l'époque avec des noms comme Thierry Mugler ou encore Jean-Charles de Castelbajac.  

Thierry Mugler x Festival de la Mode
 
Pour faire rayonner l'aura d'une création française reconnue internationalement, mais également celle d'une nouvelle génération émergente, des directeurs artistiques comme David La Chapelle, Jérome Savary ou encore Robert Wilson avaient été missionnés pour imaginer de véritables mises en scène autour du designer et de son univers. Défilés de mode, dîners, mais aussi affiches, cabas... 
Le Festival marquait un temps de célébration qui passait par des rdv très médiatiques, mais également par une campagne d'affichage aux codes toujours très reconnaissables. La célèbre silhouette de l'illustrateur Mats Gustafson en rouge et noir est devenue emblématique du Festival mais aussi des années 80, à l'esthétique anguleuse si marquée.
 
Affiche et illustration de Mats Gustafson, Ungaro x Festival de la Mode

Cliché de la mise en scène de Jérôme Savary sur la façade des Galeries Lafayette

Des 200 modèles édités et baptisés "Oscars des créateurs" car ils représentaient la quintessence de la production de chaque maison, il ne reste que 6 créations dans les archives, dont celles de Mugler et de Lagerfeld. Un patient travail de recherche vise à retrouver un maximum de pièces de cette période très précise de l'histoire du grand magasin parisien. 

Un élément déterminant pour identifier ces pièces exclusives au premier coup d'oeil : leur griffe. Conçu spécialement pour l'évènement, ce ruban tissé qui entremêle le logo du créateur et des Galeries Lafayette, signe dans le temps cette collaboration éphémère. La griffe est également le sujet central de la revue Griffé, lancée par Salomé et par Julien, qui "propose de raconter la mode par ses étiquettes". Leur récit, à travers la rencontre et les souvenirs des personnages de l'ombre que sont fournisseurs, fabricants et collaborateur.trice.s, mérite un article à lui seul, et j'aurai l'occasion d'y revenir ici.

Griffe crée spécialement pour le Festival de la Mode des Galeries Lafayette x Yves Saint Laurent

Restent également, parmi les éléments d'archives, quelques toiles, c'est-à-dire les études en calicot de coton brut, préludes des premiers prototypes réalisés ensuite dans les bonnes matières. 

On y reconnait l'emblématique veste saharienne de Yves Saint Laurent proposée ici avec des boutons au lieu du fameux laçage central. Cet exemple montre typiquement l'exercice auquel se prête le créateur quand il "fait descendre la mode dans la rue", quand la proposition de style se démocratise pour être accessible à un plus large public et surtout pour correspondre à un vestiaire "du quotidien", fait d'obligations sociales et professionnelles.

Toiles originales en coton des modèles élaborés pour le Festival de la Mode

Le Festival a perduré jusqu'en 1999 : en cette fin de millénaire, nous sommes en plein "Fashion Big Bang", période charnière ainsi définie par Alexandre Samson, commissaire de la récente exposition présentée au Palais Galliera. Internet s'apprête à changer irrémédiablement nos modes de vie, un nouvel échiquier de la mode se dessine avec des groupes de luxe qui montent en puissance et des maisons de modes aux directeurs artistiques starifiés.


Affiches et visuels pour le Festival de la Mode  
   

Le département Patrimoine et Archives des Galeries Lafayette a été crée en 2008, plus de 100 ans après l'ouverture du grand magasin. A l'image des maisons de couture qui portent une attention grandissante à la préservation de leur histoire, l'épopée des grands magasins est minutieusement recomposée par les archivistes qui à travers une profusion de documents, maquettes, photographies, vêtements, racontent la légende commerciale et culturelle de ce haut lieu parisien.

Pour celles et ceux qui seraient curieux.ses d'en savoir plus , il est possible de prendre rdv pour une visite privée de ce lieu perché sous les toits de Paris qui regorge d'histoires de mode.

Les boites de conservation soigneusement alignées dans la salle des archives

Extrait d'un catalogue présentant les modèles des Galeries Lafayette






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