DECOUVERTE DES RESERVES DU MUSEE SUISSE DE LA MODE A YVERDON
Installées dans l'ancien pavillon des casernes à Yverdon, les réserves du Musée Suisse de la Mode recèlent bon nombre de merveilles. Alors que je m'attendais à voir surtout un patrimoine local, ainsi que les legs du couturier yverdonnois Robert Piguet, j'ai été éblouie par la qualité et par la variété des pièces qui y sont conservées.
![]() | ||
|
Pénétrer dans une réserve a quelque chose de l'ordre du sacré : la lumière est tamisée, tout est méticuleusement étiqueté, sous un drap ou dans une housse. Chaque objet a sa propre histoire et elle ne demande qu'à être racontée, dévoilée, à reprendre un peu de lumière. C'est là que la fascination opère, entre l'objet, qui exprime le savoir-faire de la main qui l'a façonné, et celui ou celle qui l'a habité, à des moments bien spécifiques de sa vie. Le vêtement parle de cette relation intime entre celui ou celle qui le porte et ce que le vêtement raconte de l'époque.
Il y a évidemment de belles toilettes, des robes de bal d'une autre temps, aux coupes sidérantes, aux broderies bijoux, toutes plus impressionnantes les unes que les autres. Et puis il y a également ces vestes, méticuleusement cousues, aux découpes savantes, architecturales, conçues pour le quotidien des femmes d'un autre siècle. Et encore les dressings complets de gentlemen aux goûts raffinés qui ont voué leur vie à l'élégance, et dont la collection ne peut résolument pas se dissoudre avec leur disparition.
Mention spéciale pour les griffes qui sont déterminantes quand il s'agit de dater et de conserver des pièces comme celles-ci. Comme le disent si bien Salomé Dudemaine et Julien Sanders, co-auteurs de la revue Griffé, cette étiquette tissée de quelques centimètres carrés recèle une partie du code génétique du modèle en question.
Le long de cette déambulation entre les murs de la réserve, l'ombre de Robert Piguet n'est jamais très loin... Un croquis, une toile, des photos. C'est une chance que ce lieu ait prit vie pour préserver la mémoire du couturier, pionnier en son temps en terre helvétique, mais également pour conserver toute l'histoire de la mode qui continue de s'écrire, un jour après l'autre, avec les créateurs d'aujourd'hui.
Un lieu "repère culturel" où étudiants et jeunes créateurs peuvent venir puiser leur inspiration et comprendre l'architecture intérieure d'un patrimoine vestimentaire, toujours bien vivant.
Au-delà du pouvoir d'évocation de ce patrimoine inestimable, chaque pièce, chaque vêtement est le témoin d'un savoir-faire qui est doucement en train de s'effacer ces dernières décennies. Cela n'est d'ailleurs pas un hasard que les grandes Maisons commencent à investir dans l'ensemble des formations liés aux métiers de la main, indissociables du luxe. Un travail artisanal qui bénéficiera certainement des nouvelles technologiques, mais qui ne saura faire l'économie du geste, sensible et entrainé.
PS: les réserves du Musée sont accessibles uniquement sur rdv.
Commentaires