LE CORPS, L'ART ET LA MODE VUS PAR VIVIAN SASSEN A LA MEP

Le dialogue des corps est puissant dans le travail Vivian Sassen. Il ne m'a pas laissée indifférente en parcourant la rétrospective qui lui est consacrée à la MEP.
3 décennies de projets visuels (photos, collages, peintures et vidéos) et plus de 200 créations présentées dans les salles du musée parisien révèlent le riche parcours de l'artiste néerlandaise, connue également pour son travail photographique dans la mode.

Dans ses compositions, le corps devient élément plastique, il s'étire, se contracte, se déforme, tout en projetant son humanité. Quelque chose se raconte sans même rencontrer un regard.
 
  
 
"Long before starting to take photographs, I would stand in front of the mirror to see what sorts of weird poses and shapes my body could morph into. I would "shoot" those images simply by closing one of my eyes - that was the beginning for me".
 
"Bien avant que je ne commence à faire de la photographie, je me mettais devant le miroir pour voir dans quelles étranges poses et formes mon corps pouvait morphologiquement se mouler. Je pouvais déclencher ces images juste en fermant un oeil - ce moment a marqué le début pour moi".
Vivian Sassen


« In Bloom » pour Dazed Magazine, 2011 © Viviane Sassen et Stevenson (Johannesburg / Cape Town / Amsterdam)
 
Instantanément, vient l'impact des couleurs : des palettes maîtrisées, des électrochocs chromatiques, qui déclenchent une émotion immédiate. Les couleurs vibrent, qu'elles soient chatoyantes ou minimalistes.
La lumière, les formes, les corps et les gestes. Que ce soit dans ses projets personnels ou dans ses reportages de mode, les codes de l'artiste traduisent une fascination constante du corps avec lequel, et autour duquel, on crée.


Etan, pour Dutch Magazine, Vivian Sassen


Ayuel, from Parasomnia, 2010, Vivian Sassen
 
Il n'est pas surprenant de découvrir, au détour d'une dernière salle, que Vivian Sassen a fait des études de mode avant de se consacrer à la photographie, ni de savoir qu'elle a été mannequin dans ses jeunes années. Cette posture incarnée devant l'objectif lui a donné l'envie de prendre en main cet outil de pouvoir que représente l'appareil photographique, comme elle le dit si bien en interview.
A travers le prisme de l'image, elle se réapproprie du narratif de la photo de mode. Vivian brandit son objectif en permutant les codes usés du male gaze, et d'une représentation du désir qui appartient au siècle dernier.
 
Carven, 2012, Vivian Sassen
Adidas x Pharell, 2017, Vivian Sassen et Stevenson

Ce travail autour du corps, ainsi que de sa représentation, est le fil rouge qui se tisse de salle en salle, même si parfois les corps sont absents de ses compositions. Leurs échos sont toujours présents.

Quand, dans les archives du château de Versailles, les corps sont remplacés par des statues abîmées dont la mobilité des poses est impossible, Vivian arrive encore à jouer avec les volumes et les couleurs, posant un regard en biais ou un coup de marqueur sur la pellicule. Et en venant questionner aussi l'identité et le genre dans cette série nommée Venus & Mercury

Rift, Venus & Mercury, 2019, Vivian Sassen

 

Cette rétrospective révèle aussi des projets plus intimes de l'artiste qui se confronte au deuil, aux souvenirs et au manque. Dans chacune de ces images, l'esthétique qui s'en dégage est une force tire le regard et le coeur vers le haut.

Rétrospective PHOSPHOR : Art & Fashion, 1990-2023, MEP Paris, jusqu'au 11.02.2024






 

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