LES SOLUTIONS A GRANDE ECHELLE ESQUISSEES PAR LE PROJET GREEN NEW DEAL

En décembre dernier je me suis plongée dans la lecture de "The Green New Deal" de l'économiste et prospectiviste américain Jeremy Rifkin. Je n'avais jamais entendu parler de ce concept auparavant, mais j'étais happée par la 4e de couverture qui assouvissait ma soif de connaissance en matière d'économie verte.

C'était la première fois que je lisais un ouvrage qui conjugue théorie économique et bon sens écologique. Malgré quelques passages un peu techniques, j'ai été captivée par le récit de Rifkin qui déroule ce projet (bien chiffré) en partant des origines de l'ère industrielle à nos jours. Même si cette théorie n'est pas la sienne, sa transcription a le mérite d'être très accessible.

Après la récente publication du dernier bilan du GIEC cela m'a semblé très opportun de revenir sur cette lecture pédagogique et visionnaire.

Pour résumer en quelques mots, "The Green New Deal" est inspiré du mouvement New Deal lancé en 1933 par le président Franklin Delano Roosevelt pour sortir les Etats Unis de la Grande Dépression et pour donner un nouveau souffle à l'économie américaine, à l'orée de la IIe révolution industrielle.

Transposé au XXIe siècle, aux abords de la IIIe révolution industrielle, Le New Deal Vert vise la mise en place des grands chantiers générationnels suivants :

* Sortie des énergies fossiles et production d'énergies 100% renouvelables 

* Amélioration du réseau électrique, du réseau de transports et du bâtiment 

* Augmentation de l’efficacité énergétique 

* Investissement dans la recherche & le développement des énergies vertes 

* Proposition de formations pour les emplois de cette nouvelle économie




Selon Rifkin, dont l'ouvrage date de 2019, nous avons jusqu'à 2030 pour redéfinir nos modèles économiques afin d'éviter une catastrophe environnementale irréversible. La dernière analyse du GIEC ne nous donne plus que 3 ans pour agir...

Bien que ce projet soit porté aux Etats Unis par des personnalités comme Alexandria Ocasio-Cortez, il a été initié dès le départ pour qu'il génère un véritable consensus. Quelle que soient les couleurs politiques, la question de la progression rapide et radicale vers une énergie verte et la sortie d'une économie basée sur les énergies fossiles n'est pas proposée en option : elle est la solution.



La lecture de cet ouvrage m'a fait réaliser que nous sommes déjà entrés de plein pied dans la IIIe révolution industrielle. Chacune d'entre elle a profondément changé les modes de vie, l'aspect des villes, les interactions entre les individus et la manière de vivre ensemble, de voyager, de travailler, de faire du commerce. Il est évident que depuis l'avènement d'internet la vie de tout un chacun.e, ainsi que leur relation au monde et aux institutions, a été complètement bouleversée. 

Quel rapport avec la mode me direz-vous ? Les enjeux en cours sont tellement nombreux et si insidieusement interconnectés, que pour bien comprendre l'ensemble, il faut commencer par dérouler la pelote. Tout d'abord, n'oublions pas qu'une grande majorité de matières premières, et notamment le polyester, est un dérivé direct des énergies fossiles. Et la plupart du temps ces mêmes énergies sont celles qui font tourner les machines (filatures, teintures, montage, etc.), qui transportent les matières premières, d'un endroit à l'autre de la planète, mais également les vêtements jusqu'à leur destination finale. L'industrie de la mode est encore terriblement dépendante de ces énergies fossiles. Sans même parler des déchets non recyclés qu'elle engendre et qui sont encore une autre source de pollution. 

Ensuite, toujours en parlant de production, et pour reprendre la théorie de Rifkin, on pourrait mentionner le concept de glocalisation. Alors que la toile du web permet de tisser des liens avec une communauté internationale, la proximité de la fabrication et de la gestion des stocks sont des enjeux majeurs de l'économie du futur. D'autant plus que cette proximité sera pourvoyeuse d'emplois et permettra de moderniser les infrastructures (ce qui générera encore plus d'emplois). 

D'un autre côté, notre propre rapport aux vêtements est en train d'évoluer. Les interactions sociales et professionnelles ont sensiblement changé avec la pandémie. Si le télétravail a notamment diminué les "besoins" vestimentaires, les mentalités en terme de consommation ont elles aussi commencé à changer, amenant le marché de la deuxième main sur devant de la scène. Si demain notre intention vestimentaire sera plus "pragmatique", qu'en sera-t-il des collections saisonnières, d'autant plus que le dérèglement climatique sèmera encore plus le trouble entre les pièces hivernales et estivales...! 

Les changements à l'oeuvre sont vertigineux et la nécessité de mettre en route des chantiers innovants est urgente. Repenser les infrastructures, sourcer de façon alternative, réinvestir dans les ressources locales, redéfinir le rythme des collections, de la distribution, régénérer les déchets. Et surtout faire de la pédagogie. Car amener chacun d'entre nous à prendre conscience de ces enjeux et de nos responsabilités individuelles est le plus grand des challenges.

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