COMMENT L'EXPLOSION DU COÛT DES MATIERES PREMIERES RISQUE DE CHANGER DURABLEMENT LE MARCHE DE L'HABILLEMENT


L'année 2022 commençait déjà avec des annonces de fortes hausses du coût des matières premières. L'accroissement du prix des transports, qui n'a cessé d'augmenter depuis la pandémie, avait déjà fait monter les tarifs de ces matières brutes qui parcourent souvent de longues distances.

Pour ne citer que quelques chiffres, voici l'impact sur quelques matières de base :

Coton +45% en 1 an

Coton bio +90% en 1 an

Polyester +20% 3 mois

Nous sommes fin mars et, dans le contexte que nous connaissons, les tendances sont toujours et encore à la hausse. A ces premières données, vient s'ajouter une très prévisible et forte augmentation du coût de l'énergie, ceci pour chaque maillon de la chaine de l'industrie textile (filateur, tisseur, tricoteur, imprimeur, teinturier, etc.)

 

Ballot de laine dans une usine italienne à Prato



Usine de tissus, Prato, Italie


Cette escalade, qui démontre combien l'économie mondiale est un énorme domino où chaque élément est interdépendant, va-t-elle connaître un répit ?

Si la réponse est non,  quelles seraient les conséquences des ces fortes augmentations sur notre mode de consommation textile ? 

Si le prix des vêtements va drastiquement augmenter, quels nouveaux comportements d'achat cela va-t-il impliquer ?

La première chose qui me vient à l'esprit, c'est évidemment l'explosion du marché de la seconde main, marché qui est en constante croissance ces dernières années. Que ce soit pour des produits de mode accessible ou plutôt haut de gamme, tout est facilement disponible en ligne, ou en magasin physique. Ce mode de consommation qui pouvait sembler marginal il y a quelques années, est aujourd'hui devenu presque incontournable, que l'on soit d'ailleurs du côté du vendeur ou de l'acheteur.

Mister Freedom, vintage shop, Los Angeles,
crédit photo: Mister Freedom


A l'image de cet univers qui a besoin de classifier les produits par catégorie et par année, mais de façon sommaire, comment imaginer que l'on va encore continuer à construire des collections avec autant de références et à un cadencement effréné ?  Est-ce que le nouveau contexte économique va contraindre à repenser, non seulement le rythme, mais également les plans de collections avec moins de déclinaisons et moins de produits sur les portants ?

Sachant que le prix des matières premières explose, comment concevoir un produit avec moins de chutes, sans trop de fournitures ni de décorums inutiles pour ne pas renchérir le prix du vêtement ? 

Tout cela nous pousse à aller vers plus d'éco design, c'est à dire aller vers la conception d'un produit qui dès le départ prend en compte l'idée de minimiser l'impact environnemental.

Avec toutes ces contraintes qui semblent se profiler, la créativité restera un atout pour aller puiser des ressources là où nous ne pensions pas aller, pour transformer l'existant en quelque chose de ludique et d'excitant. Le cercle d'une économie circulaire pourrait concrètement commencer à se dessiner et aller vers un déploiement certain.

Ce qui est certain, si le prix du vêtement augmente significativement, c'est que le critère de durabilité deviendra essentiel. Nous aurons tous envie que notre manteau fétiche traverse les modes et les années, ou qu'il soit assez durable pour pouvoir le transmettre ou le troquer. Et peut-être que ce nouveau contexte économique aura au moins l'avantage (il faut pourtant bien en trouver en ce moment !) de rendre un peu plus de noblesse au vêtement.


Chiffres des hausses issus de l'article

https://www.ledevoir.com/economie/677328/inflation-la-flambee-du-textile-va-t-elle-faire-grimper-le-prix-des-vetements

par Emeline Burckel, Agence France-Presse à Londres




















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