L'indispensable livre de Majdouline Sbai sur la mode éthique
"Une mode éthique est-elle possible?" C'est la question que l'on se pose quand on commence à se pencher de plus près sur les problématiques actuelles de l'industrie textile. Et c'est la question-titre du brillant livre de Majdouline Sbai, paru ce printemps aux éditions Rue de l'échiquier.
Originaire du Nord de la France, fille de cette région qui fut le berceau de l'industrie textile française, elle a vu le déclin rapide et inéluctable de ses usines autrefois florissantes.
@2018 éditions Rue de l'échiquier, Paris |
En quelques pages, Majdouline retrace l'histoire de l'industrialisation de la mode. De la révolution industrielle en Angleterre et aux États Unis, à la naissance des premières usines françaises, en passant par la crise énergétique des années 1970, elle décrit comment l'essor économique de la Chine vient profondément modifier le panorama de cette industrie devenue mondiale. Elle explique aussi comment les quotas (une limitation donnée d'importations) avec la Chine ont été établis dans les années 1980 afin de préserver l'industrie occidentale et comment ils ont été contournés, assouplis, puis complètement supprimés. Un moment charnière que l'auteur.e évoque de façon très documentée: en reprenant les faits historiques et économiques elle décrypte les mécanismes qui ont favorisé l'émergence de ce que l'on appelle la "fast fashion".
L'avènement des ventes en lignes a également marqué l'accélération de la consommation de mode.
En multipliant les possibilités d'achat et les vitrines virtuelles, on observe un phénomène inversement proportionnel: avec une multitude de choix vient l'appauvrissement du travailleur, de la qualité du produit mais aussi du consommateur, qui achète plus, mais de moins bonne qualité. Sans compter l'appauvrissement des ressources naturelles, une problématique environnementale au cœur de l'actualité.
L'avènement des ventes en lignes a également marqué l'accélération de la consommation de mode.
En multipliant les possibilités d'achat et les vitrines virtuelles, on observe un phénomène inversement proportionnel: avec une multitude de choix vient l'appauvrissement du travailleur, de la qualité du produit mais aussi du consommateur, qui achète plus, mais de moins bonne qualité. Sans compter l'appauvrissement des ressources naturelles, une problématique environnementale au cœur de l'actualité.
L'illustration ci-dessous, que l'on retrouve au chapitre "Le malaise de la mode", décortique le prix d'un t-shirt de consommation courante dont la matière et le coût de la main d'œuvre ne sont qu'une infime partie.
Après avoir décrit les causes qui ont amené à cet état des lieux, Majdouline Sbai consacre la deuxième partie de son livre à évoquer les organisations qui se sont mises en place, notamment après l'effondrement du Rana Plaza, une usine de confection surpeuplée au Bangladesh, en 2013, afin de coordonner une action concrète en faveur d'une plus grande justice et transparence. Elle dénonce également les nombreuses opérations de "green washing", dont certains organismes abusent et qui détournent ce pseudo-engagement en une vitrine promotionnelle et déculpabilisante.
La dernière partie du livre parle des vrais engagés de cette aventure: créateurs, entrepreneurs, influenceurs, journalistes, dont l'auteur fait partie, qui travaillent quotidiennement à faire en sorte que les règles du jeu puissent changer. Engagée dans le collectif Éthique sur l'étiquette, Majdouline déploie son action autour de cette réflexion et en fait un projet social d'actualité.
Car le vêtement est un vecteur d'une importance insoupçonnée comme le dit si bien l'auteur.e :
"S'habiller est un acte de culture; c'est une façon de se distinguer, c'est une quête de sublimation de soi. Chacun recherche dans cette communication non verbale à entrer en relation avec les autres. Nos vêtements disent de nous des choses qui nécessiteraient trop de mots pour être exprimés".
Extrêmement bien documenté, le livre de Majdouline Sbai cite, pour moi, toutes les références de qualité en matière de mode éthique, illustre les justes connexions pour comprendre comment nous en sommes arrivés là et offre une matière à réflexion sans jugements sur les comportements qui peuvent faire de nous des acteurs plus que de simples consommateurs.
Après avoir décrit les causes qui ont amené à cet état des lieux, Majdouline Sbai consacre la deuxième partie de son livre à évoquer les organisations qui se sont mises en place, notamment après l'effondrement du Rana Plaza, une usine de confection surpeuplée au Bangladesh, en 2013, afin de coordonner une action concrète en faveur d'une plus grande justice et transparence. Elle dénonce également les nombreuses opérations de "green washing", dont certains organismes abusent et qui détournent ce pseudo-engagement en une vitrine promotionnelle et déculpabilisante.
La dernière partie du livre parle des vrais engagés de cette aventure: créateurs, entrepreneurs, influenceurs, journalistes, dont l'auteur fait partie, qui travaillent quotidiennement à faire en sorte que les règles du jeu puissent changer. Engagée dans le collectif Éthique sur l'étiquette, Majdouline déploie son action autour de cette réflexion et en fait un projet social d'actualité.
Car le vêtement est un vecteur d'une importance insoupçonnée comme le dit si bien l'auteur.e :
"S'habiller est un acte de culture; c'est une façon de se distinguer, c'est une quête de sublimation de soi. Chacun recherche dans cette communication non verbale à entrer en relation avec les autres. Nos vêtements disent de nous des choses qui nécessiteraient trop de mots pour être exprimés".
Extrêmement bien documenté, le livre de Majdouline Sbai cite, pour moi, toutes les références de qualité en matière de mode éthique, illustre les justes connexions pour comprendre comment nous en sommes arrivés là et offre une matière à réflexion sans jugements sur les comportements qui peuvent faire de nous des acteurs plus que de simples consommateurs.
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