Les éveilleurs de conscience

Mes éveilleurs de conscience ont été multiples et je vais commencer par vous parler de 2 films documentaires qui m’ont beaucoup marqué.

THE TRUE COST, d’Andrew Morgan, sorti en 2015, fait état de ce qu’est l’industrie textile aujourd’hui. Du luxe à la « fast fashion », de la modification génétique du coton à la pollution massive des eaux du Gange, de la folie du jetable à la prise de conscience qu’un autre type de consommation est possible… Tous les sujets sont abordés, le point de départ étant l’effondrement d’une usine textile à Dacca, au Bangladesh, en avril 2013, qui a couté la vie à plus de 1100 travailleurs.

post du compte Intagram stellamccartney, juin 2018

Dialoguant avec les acteurs du secteur vestimentaire, le réalisateur questionne, entre autres, Stella McCartney. Créatrice fortement engagée dans la production d’une mode plus eco-responsable, elle affirme la nécessité de trouver d’autres solutions, autant dans le mode de fabrication que dans notre rapport à la consommation du vêtement. J’ai trouvé sa posture si juste. Loin de l’alarmisme ambiant, elle prône une philosophie qui consiste à transformer cette impasse vers laquelle nous nous dirigeons, en un « challenge » créatif à relever. Une posture enthousiasmante, à la recherche de nouveaux systèmes de valeurs et de production pour que nous, femmes et hommes du XXIe siècle, soyons plus en phase avec notre époque.



Le deuxième film, découvert lors d’une conférence à l’IFM, est un documentaire estonien OUT OF FASHION, de Jaak Kilmi et Lennart Laberenz. Tourné entre 2009 et 2014, en pleine accélération de la production vestimentaire, les réalisateurs pointent du doigt le gaspillage conséquent qu’engendre la fabrication textile (jusqu’à 20% des rouleaux de tissus finissent à la poubelle !) et l’indifférence consternante que cela suscite. Sans oublier, évidemment, d’évoquer les conditions de travail toujours aussi dramatiques dans lesquelles sont réalisées la plupart de nos vêtements…

affiche du film de Jaak Kilmi et Lennart Laberenz, 2015

La créatrice estonienne Reet Aus est le fil rouge de ce documentaire. On la suit du fin fond du Bengladesh jusqu’à son studio de création à Tallinn. Depuis toujours concernée par l’upcycling, ses matières premières sont des rouleaux de tissus invendus, des chutes de production ou des vêtements vintage dans lesquels elle recoupe. Intelligente énergie créative qui fait d’elle aujourd’hui une Senior Researcher à l’Estonian Academy of Art, cherchant de nouvelles pistes et sensibilisant la nouvelle génération de designers. Elle est aussi à l’origine du projet « Trash to Trend », une plateforme « incubatrice », communautaire et collaborative, qui organise divers évènements afin de promouvoir et développer l’upcycling.
 
Ces deux films se rejoignent en beaucoup de points. Au-delà de l’éclairage qu’ils nous offrent sur les coulisses actuelles de l’industrie de la mode, ils dressent le portrait d’une société de consommation en perte de valeurs. Où l’acheteur ne sait même plus exactement ce qu’il achète, ni vraiment pourquoi, d’ailleurs. Une pure illusion du sentiment d’en avoir « plus », qui commence doucement à s’évanouir…


English version

I had several consciousness-raisers and I will start with 2 movies that have marked me deeply.

THE TRUE COST, by Andrew Morgan, released in 2015, makes a clear picture of what is today fashion industry. From luxury to fast fashion, from genetically modified cotton to the Gange's water pollution, from the throwaway mentality to the awakening of another kind of consumption…all the issues are approached, the starting point being the Rana Plaza collapes, in Dhaka, Bangladesh, in April 2013, who killed more than 1100 people.

Talking with the main figures of the clothing industry, Morgan interviews, among others, Stella McCartney. Deeply involved into a more fair fashion production, she claims the necessity to find new solutions, both in the manufacturing and the consumption attitude. I found her spirit so right. Far away from pervading alarmism, she proposes a philosophy who transforms the deadlock which we are in, into a creative challenge to sustain. An exiting philosophy, looking for new values and manufacturing systems, in order to be more connected to our modern time.

The second movie, discovered thanks to an IFM conference in Paris, is an Estonian documentary OUT OF FASHION, by Jaak Kilmi and Lennart Laberenz. Filmed between 2009 and 2014, right into the clothing production acceleration, the directors point at the main waste leaded by manufacturing (up to 20% of fabric rolls end up to trash !) and the appalling indifference generated. Not forgetting, of course, to speak about the always quite dramatical working conditions in which our clothes are made…

The Estonian designer Reet Aus is the movie guideline. We follow her from Bangladesh to her studio in Tallin. Deeply concerned by upcycling, her raw materials are unsold fabric rolls, production waste or vintage clothes. An intelligent and creative energy who has made of her a Senior Researcher at the Estonian Academy of Art, looking for new solutions and trying to increase the new generation of designer’s awareness. She is also the starting point of the project « Trash to Trend » an incubator platform, organizing and promoting upcycling.

These two movies converge at many points. Shedding a light on actual fashion backstage, they get an accurate portrait of actual society, loosing senses and values. A society in which the consumer doesn’t know anymore what he is buying, nor why…A pure illusion of getting more that is gently starting to faint...

Commentaires

Articles les plus consultés